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Syndrome du troisième mandat : Alpha Condé en roue libre

Le caractère clivant du discours prononcé ce samedi par le  président Alpha Condé, à l’occasion du lancement de la campagne électorale dans la perspective de la présidentielle du 18 octobre démontre à suffisance la volonté du candidat du Rpg arc-en-ciel de faire feu de tout bois pour se cramponner à son fauteuil. Quitte à réveiller les vieux démons de 2010, où les protagonistes avaient contribué, à force de polarisation, à exacerber les tensions ethniques dans le pays.

Le lancement de la campagne électorale du parti au pouvoir, a été marqué par un loupé. C’est le moins qu’on puisse écrire, avec le discours manichéen du candidat Alpha Condé, qui visait à dissuader l’électorat de la Haute Guinée à choisir autre candidat que sa personne, pour le scrutin du 18 octobre.

Dans son discours, Alpha en appelle à l’éveil de conscience chez les jeunes de la Haute Guinée, notamment  ceux de Kankan, à voir dans cette élection présidentielle, un face à face entre leur région d’origine  et le Foutah Djallon.

Un remake du scrutin de 2010 en soit. Dans cette lecture qui frise l’électoralisme, le président applique la recette du sophisme de la pente glissante, en agitant l’épouvantail de la peur.

Il apprend ainsi à ses militants que le Foutah n’a  présenté aucun candidat, à part Cellou Dalein Diallo.  Ce qui suppose que tous les autres candidats en lice ne seraient que des faire valoir, dont le vote ne profitera qu’au leader de l’Union des forces démocratiques de guinée (Ufdg), le moment venu.

D’où cette injonction à voter pour personne d’autre si ce n’est pour le candidat du Rpg. Le président dans cette pêche aux électeurs dit s’attendre à disposer des 100% de voix dans toutes les préfectures de la région septentrionale.

Comment comprendre que de tels propos, sans filtre, puisse émaner d’un homme censé incarner l’autorité de l’État, en étant le garant des institutions de la République. Même s’il arbore la tunique de candidat à la présidentielle.

C’est donc à bon droit que l’opinion de façon générale soit choquée par une telle sortie, susceptible de saper  les fondements de l’unité nationale.

Pour maints observateurs, c’est ce  genre de  discours qui avait mis le feu aux poudres en 2010. Des joutes électorales qui avaient donné lieu à des violents heurts intercommunautaires, avec à la clé un lourd bilan.

Cette mêlée s’était soldée par la victoire au forceps d’Alpha Condé. Quand on sait que les politiques ont tendance à reproduire ce qui leur a réussi, il n’est donc pas étonnant que l’on voit dans la démarche du président la volonté de vouloir user des mêmes recettes qu’en 2010. Sauf que depuis cette époque, beaucoup d’eau a coulé sous le pont.

En agissant ainsi, c’est comme si le président apportait de l’eau au moulin des opposants au troisième mandat, qui sont à l’affût de la moindre peccadille du régime.

Face au tollé suscité par le discours de leur « champion », certains thuriféraires du régime prompts à grimper aux rideaux, tentent de nuancer ces propos qui sont quand même gravissimes. En se gargarisant du bilan de leur candidat.

Mais vu toute l’armada déployée pour cette campagne, par le parti au pouvoir, avec l’appui de l’administration publique, en termes de moyens humains, matériels et logistiques, on est en droit de se dire que le régime manque d’assurance. Etant sans doute dans l’incapacité de bénéficier de la  prime au sortant.

Comme si entre le président et son peuple, c’était la fin de la lune de miel. Des signaux que ce dernier refuserait de percevoir, à cause sans doute du syndrome du troisième mandat.

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