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Tribunal de Dixinn : qui pour départager « la victime » et son violeur présumé ?

« Mademoiselle, l’infraction de viol est vraiment grave. Vous et moi nous poursuivons ce monsieur pour viol, mais il nous faut vraiment des preuves ». Par ces mots, le procureur Daouda Diomandé a voulu inciter mademoiselle H.D à être plus précise dans ses explications. Au tribunal, ce 08 juillet 2019, cette demoiselle de 25 ans avait quelques difficultés à prouver le viol dont elle aurait été victime en avril 2018 à Lambagny, dans la banlieue de Conakry.

Selon H.D, Moussa Sylla, celui qu’elle accuse de viol, est en fait son voisin dans une cour sise à Lambagny-Cimétière. Il l’avait convaincue à se rendre chez son ami Salimou Diaby. Celui-ci aurait le pouvoir de donner des maris aux femmes à travers des bénédictions. Un jour, elle s’est rendue à Lambagny-Marché où est logé Saloum Diaby. Une fois dans la cour, Moussa Sylla – qui se serait fait appeler Moussa Kébé – l’a conduite dans la chambre de Saloum Diaby, au deuxième étage d’un immeuble.

Une fois dans la chambre, Saloum Diaby les a laissés pour sortir. Et Moussa a fermé la porte à clef. « Je lui ai demandé qu’est-ce que tu fais ? Il m’a dit si tu ne te laisses pas faire, je vais te gifler… Il m’a battue, il a pulvérisé de l’insecticide sur mon visage et m’a ligotée avant de me déshabiller et me violer. C’est lui qui m’a déflorée »,  a expliqué la demoiselle de 25 ans.

Elle a indiqué qu’elle a dû mentir à Moussa pour que celui-ci la laisser partir. « Je lui ai dit que je vais aller informer ma famille d’accueil et je reviendrai pour qu’on passe la nuit ici. Il m’a dit d’aller prendre un bain avec lui, je lui ai dit que je préfère aller pour revenir vite. C’est ainsi qu’il est parti se doucher, et moi j’en ai profité pour sortir de la chambre », a-t-elle dit. Et d’ajouter qu’elle y a perdu son porte-monnaie qui contenait 700 000 francs guinéens et  deux téléphones.

A-t-elle crié quand Moussa l’a touchée ? En réponse à cette question du procureur, elle a dit oui. Sauf qu’elle n’a pas été secourue quoiqu’il y avait plusieurs jeunes qui faisaient du thé dans la cour. Les gens dans la cour pouvaient-ils entendre vos cris depuis le deuxième étage ? À cette question, elle a indiqué qu’elle ne saurait le confirmer ou infirmer, puisque la chambre ne faisait pas face à la cour.

H.D a peiné à répondre à la question à savoir pourquoi elle n’a pas pris son téléphone et son argent lorsque Moussa était dans la chambre. Elle a fini par indiquer qu’elle était traumatisée et qu’elle cherchait plutôt à sortir de la maison. « Quand je suis descendue de l’étage, j’ai trouvé les jeunes en train de faire du thé. J’ai pris Saloum à part, je lui ai dit : ton ami m’a violée. Il était très déçu. Il voulait qu’on règle à l’amiable, mais je suis partie de là », a-t-elle raconté.

Saloum Diaby a déjà témoigné à la police. Dans le procès-verbal de celle-ci, il indique que lorsqu’il était dans la chambre, son ami Moussa Sylla avait déjà sauté par la fenêtre. Pensez-vous que Moussa Sylla pouvait sauter par la fenêtre du deuxième étage de l’immeuble. « Je ne sais pas s’il peut le faire ou pas », a répondu la partie civile.

L’accusé contre-attaque : « elle voulait de l’argent »

Moussa Sylla a indiqué que H.D était plutôt sa petite amie. Elle a promis de lui créer des ennuis quand il n’a pas été à mesure de lui donner la somme de 300 000 francs guinéens qu’elle lui avait demandée. « C’est elle-même qui m’a dit qu’elle ne voulait pas que les jeunes de notre cour commune se rendent compte de notre relation. Je lui ai donc proposé de se rencontrer chez mon ami Saloum. Quand elle est venue, elle a commencé à défiler  des images de modèles d’habit qui se trouvaient dans son téléphone. Elle est tombée sur une image et elle m’a dit qu’elle voulait faire coudre ce modèle. Elle m’a demandé de lui donner 300 000 francs guinéens pour la couture. Je lui ai dit que je n’ai pas d’argent. Tout le problème est parti de là », a indiqué Moussa Sylla.

Moussa Sylla a indiqué H.D lui avait vu avec des devises auparavant. Ce qui l’aurait poussée à accepter d’être sa petite amie et à lui demander par la suite les 300 000 francs guinéens. « Pourtant, cet argent ne m’appartenait pas. C’était pour mon frère qui était venu d’Europe. Je lui ai expliqué cela, mais elle ne voulait pas me comprendre », a-t-il dit, lui qui a juré qu’il n’a jamais eu de relation sexuelle avec la demoiselle. « La seule fois qu’on a été seuls, elle m’a quitté sous le coup de la colère parce que je ne lui ai pas donné ce qu’elle voulait », a-t-il poursuivi.

Moussa Sylla se dit favorable à une comparution de son ami Saloum Diaby afin de témoigner dans cette affaire. Le juge Ibrahima Kalil Diakité a également estimé qu’une comparution de ce dernier était nécessaire. Il a donc renvoyé l’affaire à la quinzaine pour la suite de l’audition de la partie civile et de la comparution de Saloum Diaby.

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